Le Train de la reconnaissance française par Jean-Marie Nicot, MR

Quelle étrange histoire nous raconte Jean-Marie Nicot, descendant des propriétaires de la Sainterie de Vendeuvre ! Une histoire magnifique mais bien trop discrète… Alors qu’après la seconde guerre mondiale, l’Europe se remet difficilement des souffrances et privations endurées, le peuple américain organise le Friendship Train qui collecte, dans tous les états de la Fédération, 145 wagons de produits de première nécessité à distribuer en Europe. La France décide de répondre, en 1948 par le Merci Train ou train de la reconnaissance qui traverse les départements français afin de « recueillir les spécimens les plus caractéristiques de l’art, de l’industrie et de la production régionale offerts par chaque province ». Notre collègue nous raconte l’histoire de ce Merci Train pour lequel son père, dernier propriétaire de la manufacture d’art chrétien, avait donné plusieurs sculptures dont certaines sont aujourd’hui dans des musées américains.

Jean-Baptiste Ludot, un étrange savant par Marie-Alice Pernot, MR

Marie-Alice Pernot aime chercher et rien ne la rebute, pas même un millier de feuilles manuscrites où calculs, réflexions, notes de lecture sont plus ou moins mêlés sur des papiers de tout format ! Elle avait prévu de nous présenter le cadran solaire de l’Hôtel-Dieu de Troyes et nous donne en prime la biographie de son inventeur, l’étrange et trop discret Jean-Baptiste Ludo (1704-1771). Notre savant était troyen, apparenté à plusieurs familles connues (Angenoust, Marizy, Mauroy) et son contemporain, Pierre-Jean Grosley a rédigé sa biographie.  Génial touche-à-tout de la science, vivant de peu dans un monde à part, éloigné du lucre et des honneurs, en relation avec les plus illustres savants de son temps qui exploitèrent ses travaux, il obtient le Prix des Sciences pour la meilleure construction du cabestan, s’intéresse à l’amélioration du bois destiné à la construction navale, il participe au mémoire de Guettard sur la géologie de la Champagne, aux expériences de Tillet sur les variations de la température, correspond avec Réaumur, etc. 

Villa Moderne, Villa Courtalon par Patrick Dupré, MA

Avant d’être un important faubourg manufacturier de Troyes, le secteur délimité par les rues Jeanne d’Arc, Courtalon et Bégand était rural avec vignes et jardins. Entre les années 1870 et 1914, des usines sont construites, dont certaines de grande importance comme Bonbon, Delostal, Mauchauffée, Lebocey, Devanlay et bien d’autres… Des lotissements sortent de terre pour loger les ouvriers, surtout au nord de la rue Voltaire. Le quartier Villa Courtalon et Villa Moderne, destiné à une clientèle plus aisée, voit le jour à l’initiative de deux bonnetiers, Bonbon et Delostal, qui forment une SCI en 1896 « ayant pour objet l’achat, la vente, l’édification de constructions, la location et l’exploitation d’immeubles ». Ils achètent trois parcelles qu’ils regroupent et les constructions commencent pour s’étaler jusqu’en 1910 suivant un cahier des charges précis qui gère la hauteur des bâtiments, leur position par rapport à la rue, etc. Au décès de Georges Bonbon en 1899, Delostal rachète ses parts et devient l’unique propriétaire. Les maisons, toutes différentes, possèdent cependant une grande homogénéité liée à la mode de l’époque : pignons élaborés, balcons décoratifs, utilisations de briques de différentes couleurs, de faïences et de terres cuites en décoration, ferronneries d’art. Les intérieurs sont tout aussi soignés avec de magnifiques cheminées, des vitraux, des sols en mosaïque de granito, des plafonds à caissons etc.

À part quelques dérives au XXe siècle, le secteur est admirablement conservé et est maintenant protégé sous le nom d’AVAP Villa Courtalon-Villa Moderne.

Notre collègue nous a présenté de magnifiques images de son quartier avec un enthousiasme très communicatif et propose de nous le faire visiter.