Mercredi 13 décembre 2023

Sous la conduite de M. Gilles Aubagnac,

Ce mercredi 13 décembre nous étions une dizaine autour de notre collègue le colonel Gilles Aubagnac pour une visite de l’exposition Le Théâtre des honneurs au musée Saint-Loup qui donne un aperçu de la riche collection de médailles et décorations quasi oubliée pendant près d’un siècle dans des boites conservées dans les réserves des musées de Troyes.

Cette exposition temporaire a été réalisée en partenariat avec le musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie à Paris et avec le soutien du comité de l’Aube de l’association nationale des membres de l’ordre national du Mérite à l’occasion du 60ème anniversaire de la fondation de cet ordre par le général de Gaulle.

Notre collègue Éric Blanchegorge, directeur des musées de Troyes, a mandaté depuis plusieurs mois M. Aubagnac, ancien conservateur au musée de l’Armée et au musée de l’Air et de l’Espace, pour récoler et mettre en valeur cette collection. Il en a extrait environ un dixième qui, complété par des prêts du musée de la Légion d’honneur, constituent l’exposition judicieusement présentée dans la galerie de peinture entre deux très grands tableaux historiques donnant à voir des personnages arborant deux des décorations les plus prestigieuses de l’Ancien Régime.

Le premier, peint par Jacob Jordaens d’après des esquisses de Rubens, évoque une improbable présentation de Marie de Bourgogne à Maximilien de Habsbourg par leurs pères respectifs. Le duc Charles le Téméraire, à droite derrière Marie, porte l’insigne de la Toison d’or, ordre de chevalerie créé par son père Philippe le Bon en 1430. Un collier de cette décoration, portée plus tard avec un cordon rouge, est présenté dans une vitrine.

Claude Bouthillier tenant le collier de l’Ordre du Saint-Esprit

En vis-à-vis un autre grand tableau, de Philippe de Champaigne, provenant du château de Pont-sur-Seine, met en scène Claude Bouthillier, seigneur du lieu, tenant le grand collier de l’ordre du Saint-Esprit que Louis XIII s’apprête à remettre au duc de Longueville. Le roi et les gentilshommes qui l’entourent portent ladite décoration suspendue à un ruban moiré bleu céleste. Cette décoration et celle de l’Ordre national du Mérite, elle aussi portée avec un cordon bleu, sont exposées dans une vitrine proche.

M. Aubagnac explique les grandes lignes de la symbolique des couleurs. Le rouge évoque la virilité et la guerre. C’est celle qui a été choisie pour la Toison d’or, l’ordre de Saint-Louis créé en 1693 par Louis XIV pour récompenser les militaires, et la Légion d’honneur fondée par Napoléon pour distinguer les mérites civils et militaires. Le bleu évoque plutôt la paix ou la loyauté. C’est celle de l’ordre du Saint-Esprit et de l’ordre national du Mérite créé par le général De Gaulle en 1963.

L’exposition présente bien d’autres distinctions comme la Médaille militaire, la Médaille de Sainte-Hélène, les Palmes académiques, un rare insigne de la Croix-Rouge présenté dans sa boite, et une énorme médaille commémorative attribuée à l’industriel Emmanuel Buxtorf à l’occasion de l’exposition universelle de 1878. C’est aussi l’occasion de présenter quelques-unes des nombreuses décorations du général Saussier ou celles des familles Mesgrigny et Mérode.

Elle permet aussi de regarder d’un œil averti certaines œuvres exposées, dont des portraits de Louis XV enfant et de Louis XVI, ainsi qu’un buste de Louis XIV par Girardon sur lequel Tom Dutheil, conservateur au musée de la Légion d’honneur, a débusqué un discret cordon de l’ordre du Saint-Esprit.

Enfin, elle nous a donné l’occasion d’apprendre l’origine du terme « cordon bleu » et d’enrichir notre vocabulaire avec le mot phaléristique.

Un grand merci à Gilles Aubagnac, co-commissaire de cette remarquable exposition avec Thomas Morel, conservateur des collections des beaux-arts, pour ses commentaires éclairés… et éclairants pour la plupart d’entre nous.