Actualité du patrimoine dans l’Aube, par M. Éric Blanchegorge, membre d’honneur
Monsieur Eric Blanchegorge, directeur général des musées de Troyes est également conservateur des antiquités et objets d’art (CAOA) du département de l’Aube. C’est au titre de cette fonction, et à celui de membre d’honneur de notre compagnie, qu’il nous a présenté une communication relative à « l’actualité du patrimoine dans l’Aube ».
« Inventorier et récoler, protéger, agir en faveur de la restauration, agir en faveur de la sécurisation » : telles sont les actions concrètes d’un CAOA précise M. Blanchegorge en introduction.
Puis il rappelle que « L’Aube compte 550 édifices historiques, la plupart voués au culte chrétien catholique, dont 354 sont protégés au titre des Monuments historiques : 143 classés et 211 inscrits, répartis dans 422 communes. Ils abritent un peu moins de 3 000 objets classés et 1 500 objets inscrits sur un total de 13 969 objets inventoriés sur la base nationale appelée POP [Plateforme Ouverte du Patrimoine] , dont 1 659 à Troyes même, soit près de 12 % ».
Il enchaîne en présentant des exemples d’opérations menées dans les églises de Troyes qui toutes se déroulent selon trois phases immuables :
- Ranger, autrement dit faire le ménage en dégageant les œuvres essentielles de tout un fatras d’objets hétéroclites, cassés, sans intérêt, accumulés par négligence au fil des années ;
- Redisposer les œuvres en les rassemblant de manière cohérente et harmonieuse ou en les positionnant à des endroits qui les mettent en valeur ;
- Restaurer enfin, pour réparer les outrages du temps ou du vandalisme et redonner tout leur éclat aux œuvres qui le méritent.
Il conclut par la présentation d’un bilan du recensement des œuvres mobilières de l’Aube, classées et inscrites aux Monuments historiques, réalisé à ce jour par son service au titre d’une opération que l’Etat a intitulé « Collectif objets » :
155 communes auboises ont déjà été recensées sur 371 communes concernées, soit 42%, auxquelles s’ajoutent les biens municipaux de Troyes et la cathédrale traitée à part ;
1680 objets recensés sur 4251 concernés, soit 40%, auxquels s’ajoutent 448 objets troyens.
Pierre-Jean Guth, architecte de la Reconstruction à Troyes, par M. Jean-Louis Humbert, membre résidant
Pierre-Jean Guth fut un de ces « architectes n’ayant pas la notoriété d’un Le Corbusier mais qui comptent dans l’histoire des idées, des formes ou des techniques » et dont « les réalisations dans le cadre de la Reconstruction de Troyes, méritent d’être reconnues et réévaluées tant elles ont marqué le paysage de la cité ». Telles sont les considérations qui ont incité M. Jean-Louis Humbert à consacrer une communication à ce personnage et à faire connaître ses réalisations « auprès d’une population qui les ignore souvent, comme elle ignore leur auteur ».
Né à Reims en 1909, décédé à Saint-André-les-Vergers en 2001, Pierre-Jean Guth fut un architecte militaire – Marine nationale – et civil. Devenu Architecte en chef du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme après la dernière guerre, il travailla aux plans de reconstruction et d’aménagement de Troyes, La Chapelle-Saint-Luc, Pont-Sainte-Marie, Saint-Julien-les-Villas.
Il se caractérisait par son humanisme, se refusant « à faire de la maison moderne la machine à habiter prônée par Le Corbusier » , estimant que les impératifs fonctionnels et les normes ne devaient pas prendre le pas sur les aspects humains du logement.
De même, il estimait que l’architecture devait avoir sa propre expression allant au-delà des contraintes d’ordre technique , administratif et social, qui étaient les préoccupations essentielles de l’Etat, pour donner un visage particulier aux quartiers à reconstruire et ne pas « retourner aux mornes blocs » qu’on y voyait avant guerre.
Le chantier de reconstruction confié à Pierre-Jean Guth était énorme : il concernait 850 immeubles d’habitation détruits par faits de guerre auxquels s’ajoutaient 4 000 immeubles partiellement endommagés.
Parmi les nombreuses réalisations de l’architecte, Jean-Louis Humbert présente celles du quartier du 1er Mai dont il ne restait rien au lendemain du conflit.
La suite de ces réalisations donnera lieu à une deuxième communication qui sera présentée à la séance de mai prochain.