Cette année nous avons choisi l’extrémité sud-est du département pour notre traditionnelle sortie d’automne. Une trentaine de personnes ont répondu à l’invitation. Un transport en autocar a été organisé depuis Troyes.

À 9 h 30, notre collègue Rémi Huth, habitant de Courteron, nous accueille devant l’église de son village dédiée à saint Lambert né vers 640 à Maastricht.

Saint Lambert
L’église de Courteron
Le curé d’Ars

Après l’église, départ pour la visite des cadoles, abris en pierres sèches précédemment appelés loges qui servaient autrefois d’abris aux vignerons. Longtemps abandonnées dans les bois qui ont repris possession des lieux suite à la crise du phylloxera, elles ont été remises en valeur par des passionnés et sont inscrites dans un circuit balisé. Leur conservation est soutenue par l’UNESCO dans le cadre de la Mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne. Nous en visitons quelques-unes, dont un accoyo, simple coupe-vent non couvert, au prix d’un parcours un peu sportif à travers champs et bois.

Le traditionnel repas convivial nous conduit au Relais de la Popote plainoise de Plaines-Saint-Lange, commune dont notre collègue Jean-Louis Humbert nous conte le passé industriel, photos d’époque à l’appui. Le restaurant se situe dans un hameau traversé par l’ancienne route nationale où existait au xixe siècle une tréfilerie appartenant à la Société des Forges de Châtillon et Commentry qui produisait du fil de fer et des clous dits « pointes de Paris ». Dans le cadre du paternalisme très prégnant à l’époque, l’entreprise avait fait construire 35 maisons individuelles pour ses ouvriers ainsi qu’un dispensaire de soins et une école de filles, tenus par des religieuses.

L’après-midi est consacré à la visite du Musée de la Résistance de l’Aube où nous accueille notre collègue Gilles Aubagnac, conservateur du patrimoine, membre du conseil scientifique de l’établissement. Il commence par rappeler son histoire avant de nous conduire dans les trois salles en compagnie de la directrice Sarah Hacquart. Créé en 1967 dans l’ancienne gendarmerie comme lieu de mémoire pour la population locale et les anciens FFI du maquis Montcalm du colonel Émile Alagiraude, il s’est au fil du temps révélé inadapté à un public plus large. Après 11 ans de réflexion et 3 ans de travaux, il a rouvert en aout 2023 dans de nouveaux locaux conçus par l’architecte Jean-Pascal Lemeunier, ancien membre de notre Société. Notre collègue Guy Prunier, qui fut pendant des années le guide du musée et en reste la mémoire, a joué un grand rôle dans la transition.

Le musée actuel élargit sa thématique pour évoquer l’Occupation et la Résistance dans tout le département en lien avec les évènements de la Seconde Guerre mondiale tels que l’Appel du 18 juin 1940 et le Débarquement du 6 juin 1944 dont la chronologie détaillée s’affiche dans la 1ère salle. Dans les autres salles sont exposés des objets ayant appartenu aux Résistants eux-mêmes, des fac-similés de documents d’archives, ainsi que des dons ou dépôts plus récents de familles auboises qui souhaitent sauvegarder la mémoire de leurs aïeux. Ainsi un vélo offert en 2019 par la famille Joffrin de Bar-sur-Aube qui avait servi à une liaison entre cette ville et le maquis de Mussy-Grancey. À ce propos M. Aubagnac attire notre attention sur les problèmes liés à la scénographie et à la muséographie, notamment au statut des objets exposés, « le même que celui de la Joconde », qui nécessite de les choisir avec soin. Parmi eux un foulard en soie porté par un pilote allié lors des parachutages sur lequel est reproduit la carte de la région, des conteneurs de matériel parachuté, des uniformes, des armes sur lesquelles sont gravés des prénoms féminins. Les plus émouvants sont des courriers échangés entre des résistants et leurs compagnes et surtout, exposés à l’état brut, ces poteaux sur lesquels des résistants ont été fusillés à Creney par les SS. Mme Hacquart évoque la famille de l’un d’eux venue tout récemment, après beaucoup d’hésitation, se recueillir devant ces reliques.

Une visite très dense, malheureusement trop courte faute de temps, qui donne envie de revenir.

Un grand merci à nos guides du jour.