Conférence du 4 décembre 2024 par MM. Frédéric Farrugia et Laurent Fouchard
C’est la tête dans les étoiles avec deux passionnés d’astronomie que nous clôturons ce cycle de conférences organisé par notre section Sciences et Archéologie.
Tous deux sont « tombés dans la marmite » à l’adolescence, Frédéric Farrugia émerveillé par une nuit étoilée en montagne, Laurent Fouchard suite à une conférence. Ils ont ensuite pu assouvir leur passion au sein de l’Association astronomique auboise (AAA). Frédéric Farrugia pratique la photographie astronomique, Laurent Fouchard préfère le dessin car au-delà de l’aspect scientifique, ils recherchent avant tout la beauté et sont venus nous la faire partager avec deux magnifiques diaporamas.
Premières photos, celles de l’éruption solaire majeure qui a produit de spectaculaires aurores boréales visibles en France cette année. Si dans les latitudes arctiques elles présentent plutôt des couleurs proches du vert, les photos des deux amis prises en Touraine et dans l’Aube montrent plutôt du rose et du violet avec des « piliers » verts.
Suivent des images de trois galaxies présentant un « trou noir », qui apparait en blanc, en leur centre, à 13 milliards d’années-lumière, autant dire au commencement de l’Univers. Elles ont été prises à l’aide du télescope spatial géant James Webb (JWST), mis en orbite en 2021. Cet équipement permet aussi de détecter les planètes situées hors du système solaire dites exoplanètes. La première a été découverte en 1995 dans la constellation de Pégase, aujourd’hui on en connait plus de 7000. Et si elles abritaient des formes de vie ? Le JWST permet de mettre en évidence les « biosignatures », comme la présence d’eau ou de CO2, qui ne prouvent pas forcément l’existence d’extraterrestres, ni même d’organismes unicellulaires…
Le télescope géant européen (dit ELT pour extremely large telescope) en cours d’installation dans le désert d’Atacama au Chili dépasse tout ce qui existe aujourd’hui, 79 m de hauteur, miroir de 39 m de diamètre, il permettra de voir 15 fois plus de détails que Hubble.
Avec ses 6 outils tels que caméra infrarouge, spectrographe, optique adaptative permettant de corriger les déformations dues à l’atmosphère terrestre, il présente un large champ d’investigations : exoplanètes, astéroïdes lointains du système solaire, galaxies anciennes, trous noirs, amas stellaires.
Pas de conférence sur l’espace sans parler de fusées et engins d’exploration. D’abord Ariane 6 dernière-née de l’Agence spatiale européenne dont le 1er lancement réussi le 9 juillet 2024 a permis de mettre en orbite 8 satellites à 600 km d’altitude. Capable d’emporter jusqu’à 20 tonnes grâce à ses 4 étages d’accélération (boosters), son lancement revient 30 % moins cher qu’avec son ainée Ariane 5. Mais sur ce point elle ne rivalise pas avec Space X, la fusée du fantasque Elon Musk qui rêve de finir sa vie sur Mars. En effet son lanceur est capable de revenir se poser sur son pas de tir, d’où des économies considérables. En attendant de pouvoir y déposer des humains, on explore la planète rouge à l’aide d’astromobiles (rovers) téléguidés. Le modèle Ingenuity est même accompagné d’un petit drone qui lui éclaire le chemin.
Le télescope spatial européen Euclid, lancé en 2023, a pour mission de rechercher la « matière noire », hypothétique et mystérieuse matière non baryonique mise en évidence par le calcul mais jamais observée. Il en est de même de l’énergie noire, énergie « négative » dont la notion découle des théories d’Albert Einstein et est invoquée pour tenter d’expliquer l’accélération de l’expansion de l’Univers.
Pour terminer les intervenants nous présentent des photos ou dessins de leurs observations récentes de la comète Tsuchinshan, de Jupiter, de Saturne sous différents angles et de galaxies.
Et ce compte rendu d’observation au télescope par Frédéric Farrugia le 24 novembre 2024 : « Je suis resté deux bonnes heures en observation, la transparence était moyenne et les températures proches du 0. Le gel s’est invité durant la séance, le matériel est cristallisé et les oculaires rangés dans les poches, sortis au dernier moment. J’ai commencé par Saturne plein sud, Cassini est difficile, pas vu l’anneau C. À côté il y avait Neptune, elle était turquoise avec sa lune Triton juste en dessous. J’ai fait un tour sur la galaxie d’Andromède, elle était perchée au zénith. Très lumineuse avec ses galaxies satellites. J’ai difficilement perçu les bandes de poussières. Enfin j’ai fini par Jupiter qui avait une lune qui transitait sur la bande équatoriale sud. Techniquement j’ai essayé de connecter le planétarium de mon téléphone sur le T460 mais je n’y arrive toujours pas… Heureusement que j’avais cumulé les couches de vêtements. »
N’a-t-on pas dit passionnés ?
Tout aussi passionné, le public a posé de nombreuses questions et la conférence a dû être interrompue au bout de deux heures pour nous éviter d’être enfermés dans le jardin du musée.
Un grand merci à MM. Farrugia et Fouchard.