Cette visite à l’invitation et sous la conduite de notre collègue Juliette Faivre-Préda, conservatrice, complète celle du 31 janvier qui n’avait concerné que le 2e étage, le seul ouvert à cette date. Depuis le 16 avril le musée est rouvert dans sa totalité et nous découvrons le rez-de-chaussée et le 1er étage où se poursuit le parcours chronologique entrecoupé de pauses thématiques.
Dans la première salle pourvue d’une cheminée monumentale du XVIIe siècle des œuvres contemporaines « dialoguent avec l’architecture ».
C’est notamment le cas du Lutteur Nouba d’Ousmane Sow, présenté dans la cheminée sur un socle repensé qui permettrait de sortir facilement cette pièce très fragile en cas d’urgence.
Le musée est le premier en France à avoir acquis, en 1990, une sculpture de cet artiste sénégalais aujourd’hui mondialement connu. Dans une vitrine est présentée la maquette des portes du musée dues à Parvine Curie.
Suit une salle consacrée à Pierre et Denise Lévy donateurs de l’essentiel des collections exposées, vus comme mécènes et amis des artistes, pratiquant eux-mêmes le dessin et la peinture. L’accrochage présente des vues d’atelier et met en avant les intimes du couple, Maurice Marinot, le visiteur du mardi, à travers un célèbre autoportrait et André Derain, le fidèle conseiller artistique, auteur d’un portrait de Denise et sa fille Claire.
Nous abordons l’étage par l’espace Marinot, fils de bonnetier troyen, peintre « fauve » devenu « magicien du verre » en 1911 grâce à des amis propriétaires de la verrerie de Bar-sur-Seine. Débutant par la peinture sur verre, il apprend les techniques du soufflage et de la gravure à l’acide qui lui permettent de façonner lui-même vases, coupes et flacons remarquablement mis en valeur sur des tables rétroéclairées. La collection de ses œuvres réunie par le couple Lévy se compose de 46 toiles et 149 verreries auxquels s’ajoutent 1 000 dessins d’étude.
Les autres salles présentent par ordre chronologique les différentes périodes que nous parcourons en quelque sorte à rebours. Le surréalisme avec André Masson auteur de Hora de Todos, saisissante évocation de la guerre d’Espagne qui n’est pas sans rappeler le Guernica de Picasso, l’expressionnisme avec Rouault et Soutine, le « retour à l’ordre » des années 1920 avec par exemple Dufresne qui va chercher son inspiration dans le romantisme (Le Rêve) ou Derain qui n’hésite pas à copier Bruegel (Le massacre des Innocents) ou imiter le Caravage (Deux femmes nues et nature morte).
Oubliant les « bâtons de dynamite » de sa période fauve, il affirme que « l’art est une jouissance ». Véritable « touche-à-tout » inclassable tant son style a évolué, il tâte aussi du modelage avec de l’argile récupérée sous un arbre déraciné.
Une salle est consacrée à la résistance du figuratif des années 1940, Balthus, Dufy, Buffet, avant le retour de l’abstrait avec la seconde école de Paris des années 1940 à 1960 représentée par la donation Buttner de 2011 qui vient compléter les collections des Lévy. Citons par exemple Nicolas de Staël et son disciple chinois Chu-Teh-Chun.
La salle 21 donne à voir des œuvres qui témoignent du décloisonnement des arts et des techniques au cours du XXe siècle. On y voit une tapisserie de Derain, des céramiques de Metthey, Picasso, Vuillard ou Derain, encore lui, enfin des porcelaines Art déco de Lenoble.
La visite se termine devant Polynésie Le ciel, tapisserie de Matisse réalisée par la manufacture des Gobelins d’après un carton de découpage collage en bleu et blanc. Après avoir décoré le bureau de Pierre Lévy, elle est offerte au public et surtout aux enfants qui s’essaient à l’imiter grâce au matériel pédagogique mis à leur disposition.
M. le Président remercie chaleureusement notre collègue qui a fait preuve d’une grande érudition et de son aptitude à captiver son auditoire composé ce jour d’une quarantaine de personnes.