Notre collègue Christian Coste relate un moment extraordinaire du passé de la commune de Pont-Sainte-Marie, qui s’est trouvé entrainée dans l’histoire des premiers exploits  aéronautiques. Un rêve humain ancien concrétisé progressivement par des innovateurs tels que les frères Wright, Clément Ader et Santos-Dumont, chacun contribuant à rendre l’aviation possible.

 En août 1910, le « Circuit de l’Est » est organisé en France : une course aérienne en six étapes de 780 km visant à démontrer les prouesses des aviateurs français. Cet événement, relayé par les médias, attire une foule immense et stimule l’enthousiasme populaire pour cette technologie émergente. La ville de Troyes aménage un vaste espace à Pont-Hubert pour accueillir les avions et les spectateurs, qui assistent à des démonstrations et des compétitions. Malgré la chaleur et des incidents de surchauffe retardant les vols, la foule reste captivée par les prouesses des aviateurs, illustrant la fascination de l’époque pour l’aviation et ses pionniers.

Ces jours-là, Troyes, Pont-Hubert et Pont-Sainte-Marie entrent dans la grande histoire de l’aéronautique mondiale.

Ce grand tableau sur isorel, représentant la halle de la gare de Troyes en 1940, se trouva égaré dans la cave d’une brasserie troyenne avant d’être exposé dans la salle des pas perdus de la gare de Troyes à partir de 1978. Déposé en 2017, à l’occasion de travaux de réaménagement de cette salle, il fut remis au musée des Beaux-Arts de Troyes.

En 2022, notre collègue Gilles Aubagnac, par ailleurs conservateur honoraire du patrimoine, s’attacha à l’étude de cette œuvre.

M. Gilles Aubagnac


Il observa que la mise en scène des nombreux militaires qui y figurent, avait pour objet d’asseoir la confiance en l’armée française à la veille de la Seconde Guerre mondiale et constituait une parfaite illustration de la période de la « drôle de guerre » qui a précédé le déclenchement des hostilités. Il a ainsi estimé que ce tableau avait été réalisé entre janvier et mai 1940.

Cette estimation est encore confirmée par le cartouche figurant au centre de la peinture, dont les lettres R et C constituent l’insigne militaire de la gare de Troyes comme gare de Régulation et de Communication n°5, en 1939-1940.

L’exacte représentation des uniformes et des grades indiquait que l’auteur avait une parfaite connaissance de ce milieu et était vraisemblablement lui-même militaire. La signature « G. Mouchot 1940 », figurant sur le tableau n’en constituait pas moins une énigme car elle ne correspondait à aucun peintre connu. Une première recherche attribua l’œuvre à Michel Joseph Mouchot, peintre de paysages de montagne, qui avait été mobilisé à Troyes en 1939-1940. Mais de nouvelles investigations, et l’intervention du petit fils du peintre, Indiquèrent qu’il s’agissait en fait de Georges, Léon, Philippe Mouchot,1885 – 1970, artiste peintre, officier de réserve durant la Première Guerre mondiale, affecté au service de chemins de fer en 1929, mobilisé dans ce service le 2 septembre 1939.

Toutes ces études furent menées en 2023 et 2024 parallèlement à la restauration du tableau confiée à Mme Trémoulet, qui a présenté les différentes étapes de ce délicat travail.

Le tableau a retrouvé sa place dans la gare de Troyes le 10 septembre 2024 et a été inauguré le 10 octobre suivant.