C’est Madame Julia Boyon, adjointe scientifique, qui conduit notre groupe d’une quinzaine de visiteurs dans les trois salles où se déploie l’exposition organisée en partenariat avec le musée de Limoges, ville natale et d’activité de Francis Chigot.
Dans la première salle sont exposées des œuvres profanes à l’esthétique Art nouveau destinées à de riches demeures, réalisées alors que Francis Chigot vient de transformer en atelier de maitre-verrier l’entreprise familiale de peintre décorateur. L’Émaillerie limousine créée en 1908 avec le cartonnier Léon Jouhaud, véritable « carte de visite » du jeune atelier, en est la plus emblématique. Déjà apparait l’innovation technique qui sera sa marque de fabrique, l’emploi de verres modernes imprimés et colorés dont les reliefs évoquent l’eau et le mouvement des tissus, sans le recours à la peinture sur verre.
La deuxième salle est consacrée à l’art religieux et aux expositions auxquelles Chigot participe régulièrement pour se faire connaitre et marquer sa volonté de régénérer le vitrail sacré. Il contribue à la reconstruction des églises détruites lors de la Grande Guerre et décore celle du nouvel Oradour-sur-Glane. Parmi les œuvres présentées, une Jeanne d’Arc très traditionnelle en verre plat peint très lumineux (1917) qui contraste avec un Christ des Missions (1937) en verre sombre « d’une composition austère voire lugubre » et surtout Sainte Foy délivrant les prisonniers (1947), l’une des 104 verrières réalisées pour l’abbatiale de Conques.
L’Art déco « explose » dans la troisième salle qui met en valeur la collaboration entre Chigot et son cartonnier Pierre Parot entre 1919 et 1936. « La place du verre imprimé blanc y est plus grande jouant avec les reliefs et les ombres, les contrastes de couleurs se font plus forts privilégiant les oranges, les bruns et les rouges ». Les sujets traités se font l’écho des bouleversements économiques et sociaux. Par exemple Pique-nique (1937) évoque les congés payés et le Front populaire. Les commandes proviennent aussi bien de particuliers aisés que d’institutions ou de municipalités. Ainsi La Charité laïque (1938) orne le bureau de bienfaisance d’Angoulême, La Comédie, la Musique et la Tragédie (1926), le petit casino de Vichy, alors que Le Prélude à l’après-midi d’un faune (1934) est une commande d’un industriel porcelainier ami de Chigot, lequel tente également de développer son activité à l’international avec un succès mitigé. Parmi ses réussites on peut citer la basilique Notre-Dame de Montréal.
A l’issue de la visite qui se termine par l’ilot central donnant à voir l’atelier de Chigot, ses collaborateurs et leurs différents métiers, M. le Président remercie Madame Boyon pour « sa présence, sa culture et son dynamisme ».