Cette année c’est Brienne-le-Château, « Ville impériale », qui nous reçoit grâce à notre collègue archiviste Nicolle Lehmann qui travaille depuis plus d’un an à la parfaite organisation de cette journée à laquelle une bonne cinquantaine de personnes se sont inscrites dont la moitié pour le transport en autocar depuis Troyes.

A Brienne, Napoléon est partout : à l’ancienne école militaire où il fut pensionnaire de 1779 à 1784, à la mairie construite grâce à son legs, au château d’où il dirigea la bataille de La Rothière en 1814 et où, dit-on, il faillit capturer Blücher.
C’est une statue du jeune Bonaparte flanqué d’un aigle qui nous salue du bras gauche depuis le portail de l’ancienne école militaire royale devenue musée Napoléon en 1969 par la volonté du conseil municipal. Rénové en 2018, il déploie ses collections dans quatre salles thématiques. Notons que notre collègue Gilles Aubagnac, conservateur du patrimoine, fait partie de son comité scientifique.
Accueillis par M. Bernard Mathieu, premier maire-adjoint, nous nous répartissons en deux groupes pour la visite.
La première salle intitulée Construire une silhouette est consacrée à l’iconographie napoléonienne. Tous les détails de son image sont fixés dès 1801, alors qu’il n’est que Premier consul, par le célèbre tableau de Jean-Baptiste Isabey : bicorne dans le sens des épaules, à rebours de la mode de l’époque, veste à épaulettes, la main droite dans le gilet, la jambe gauche en avant, voilà une silhouette reconnaissable entre toutes et souvent copiée par les autres artistes qui auront peu d’occasions de faire poser Napoléon. Citons par exemple un tableau représentant son entrée à Madrid, à cheval, des assiettes et même des caricatures anglaises.
La deuxième salle présente Napoléon stratège, chef de la Grande Armée qui tient sa force de la capacité de ses hommes à accomplir des marches de 40 kilomètres par jour et de son artillerie, première spécialité de Bonaparte, illustrée par des boulets de différents calibres présentés dans une vitrine et un buste du maréchal Valée, né à Brienne, élève de l’école militaire, réorganisateur de l’artillerie.
Le stratège sait soigner sa communication. Pour preuve une copie du célèbre tableau de David le montrant contre toute vraisemblance en grand uniforme, cabrant son cheval au col du Grand-Saint-Bernard alors qu’on le verrait plutôt sur une mule. Œuvre de propagande exécutée en plusieurs exemplaires expédiés comme cadeaux diplomatiques.
Par contre le tableau de Dumaresq intitulé Napoléon chez la Vieille, donne à voir un empereur proche du peuple, fatigué, se chauffant les pieds à la cheminée d’une modeste maison.
Napoléon Réformateur, père du Code civil, des préfets, du franc germinal, du cadastre ou de la Légion d’honneur etc., est le thème de la troisième salle qui rappelle que la Révolution fut une période de bouillonnement d’idées qui a laissé une œuvre considérable mais aussi une France désorganisée. Napoléon s’entoure de grands juristes pour créer un état moderne en appliquant les idées de la Révolution notamment le principe d’égalité devant l’impôt.
La quatrième salle est consacrée au Napoléon intime, principalement lors de son passage à l’école militaire où il arrive à 9 ans, parlant mal le français et très loin de sa famille. On connait bien le programme qui lui est enseigné, entre autres le jardinage, la marche, la danse et la langue allemande, mais très peu de choses sur les détails de sa vie personnelle si ce n’est ce qui a été rapporté par la légende, comme la célèbre bataille de boules de neige. Ce qui est sûr c’est que son passage à Brienne est un épisode marquant de sa vie puisqu’il dira plus tard que c’est « sa patrie » et qu’il se sent « plus champenois que corse ». Du reste, de passage dans l’Aube en 1805, il tient à faire le détour pour revoir les lieux de sa jeunesse. Un plâtre de Louis Rochet (1855), copie de l’original en bronze de l’Hôtel-de-ville, représente le jeune Bonaparte à l’école de Brienne.
Une dernière petite salle évoque la mort de Napoléon notamment à travers deux masques mortuaires, copies d’un original réalisé avec un mauvais plâtre.
La visite se termine devant le portrait récemment restauré du cardinal Loménie de Brienne dont M. Mathieu nous conte la rocambolesque redécouverte dans la buanderie de l’Ehpad, annexe du château devenu hôpital. Ce tableau sera l’objet de la communication de l’après-midi.
(voir la communication de l’après-midi à la rubrique « communications mensuelles« )




