Cette première partie de la séance du 21 novembre est consacrée à la réception de M. François Mailier comme membre résidant au fauteuil n° 19 de la section Agriculture et Economie rurale.

M. François Mailier prononce son discours de réception dans lequel il rend notamment un hommage appuyé à son prédécesseur, Gilbert Garnier, qui fut son supérieur dans ses fonctions professionnelles et occupa le fauteuil dans lequel il prend place aujourd’hui pendant 38 ans, dont 23 au poste de secrétaire général adjoint dans lequel il rendit d’éminents services à notre Compagnie. Il remercie ses parrains, M. Christian Gaillard et Mme Bernadette Petit.

Puis il propose de présenter une communication sur « La conciliation de justice dans l’Aube », fondée sur sa propre expérience de conciliateur bénévole.

L’idée de résoudre les petits différends entre particuliers par la conciliation est apparue dès la fin du XVIIIe siècle. Après avoir connu des fortunes diverses, elle fut confirmée à la fin des années 1970 où elle fut confiée à des conciliateurs bénévoles. Ces bénévoles sont actuellement au nombre de 2800 en France. Ils sont nommés par le premier président de la Cour d’appel du ressort. Ni magistrats, ni avocats, ils sont choisis sur la foi des garanties de compétences offertes par leur parcours professionnel, leur faculté d’écoute, leur aptitude au règlement des conflits individuels entre particuliers : troubles de voisinage, impayés, malfaçons, litiges liés à la consommation, problèmes locatifs, etc.

Après avoir présenté quelques statistiques sur les activités de ces conciliateurs, émaillées d’anecdotes personnelles, M. Mailier mentionne que l’action bénévoles des conciliateurs se trouve en concurrence avec celle des auxiliaires de justice rémunérés qui ne sont pas motivés par une tentative de conciliation. D’où une remise en cause périodique qui a amené un auteur à publier en 2013 un ouvrage intitulé « La conciliation, la mal-aimée des juges ».

Mais la croissance du nombre et de la complexité des litiges a récemment conduit à confirmer le rôle indispensable des conciliateurs préalablement à la saisine de la justice et même à rendre cette phase de conciliation obligatoire.

Notre collègue conclut en soulignant que son expérience fut usante mais passionnante. Il se dit persuadé que la conciliation a définitivement prouvé son utilité, qu’elle est désormais pérenne et n’est plus la mal-aimée des juges.

Notre collègue Jean-Louis Humbert propose aujourd’hui de retracer l’évolution des magasins d’usine dont Troyes est reconnue comme le leader européen.

Les premiers magasins d’usine répondaient à la nécessité de se débarrasser de produits invendables et invendus, dans la limite de 7% de la production. Cette vente directe s’est structurée à la fin des années 1950 et pendant les années 1960, avec l’installation de lieux spécifiquement dédiés à ce mode de distribution mais attelés à l’usine.

Face aux crises frappant les industries textiles, le concept s’est étendu en ne se limitant plus aux invendus mais en enrichissant l’assortiment des articles et en raffinant l’environnement commercial, de manière à attirer une nouvelle clientèle et à élargir les possibilités d’écoulement de la production. Toutes les entreprises textiles de l’agglomération troyenne se dotèrent de ce type de magasin qui restaient géographiquement associés aux usines. Cette situation valut à Troyes d’être reconnue comme la capitale des magasins d’usine.

Mais bientôt, le développement des magasins d’usine connut une nouvelle étape avec l’instauration de véritables boutiques ouvertes au public et détachées des usines. Le concept, né aux États-Unis dans les années 1970, consistait à réunir des magasins différents sous un même toit et une même enseigne, avec une offre concernant principalement des produits de second choix à prix réduit, dans le domaine de l’habillement, de l’équipement de la maison, des loisirs. Le premier centre apparut à Troyes en 1983. En 1987, les centres de magasins d’usine troyens regroupaient une centaine de boutiques qui représentaient 40% de la vente textile de l’agglomération et près de la moitié du chiffre d’affaires de ce secteur commercial.

Parallèlement à cet historique, le conférencier présente les entreprises et les magasins qui en ont été les acteurs.

En guise de conclusion, il aborde la présentation d’une troisième génération de magasins d’usine apparue dans les années 1990. Non seulement ces magasins n’avaient plus de lien avec les usines, mais ils ne cherchaient même plus une légitimité par une implantation au sein d’un bassin industriel traditionnel, leur objectif étant d’offrir un nouveau mode de distribution générateur de tourisme commercial.

Troyes s’imposa comme le berceau de ce nouveau concept et devint la capitale européenne des magasins d’usine, reconnue comme tel par la presse internationale. En 2007, les centres de marques employaient près de 1 300 personnes et attiraient deux à trois millions de visiteurs par an.

Avec trois opérateurs répartis sur 280 boutiques et 86 000m², Troyes demeure le leader européen, même si le concept est en voie de banalisation en France.