Préface de l’ouvrage par M. Robert Fosset, président de la Société académique de l’Aube

Les astres étaient alignés.

Commémorant le traité de Troyes du 21 mai 1420, la Société académique, et en particulier sa section Lettres et Histoire, sous la direction de M. Gérard Saint-Paul organisait une série de « conférences du mercredi », conjointement avec la direction des Archives et du Patrimoine de l’Aube, opération dans laquelle M. Arnaud Baudin joua un rôle décisif.

Direction qui, de son côté, montait une exposition « Troyes 1420. Un roi pour deux couronnes », réunissant des pièces exceptionnelles et émouvantes.

Or, pour des raisons principalement sanitaires, ces projets ne furent que partiellement réalisés, ce que nous regrettons. Réaliser et diffuser cet ouvrage est à la fois une revanche et une réponse à la demande du public.

Grâce au Conseil départemental qui assure une part du financement, la Société présente un ouvrage qui complète l’exposition en proposant des regards croisés sur l’histoire longue de la période.

Débuts du XVe siècle, le monde change.

Après un siècle de guerres liées à des questions successorales, les royaumes de France et d’Angleterre trouvent une solution pour une paix qu’ils espèrent durable, par la conclusion du traité de Troyes. C’est une première forme d’espoir.

La seconde vient du surgissement d’un personnage « fabuleux », Jeanne d’Arc, suscitant dès sa venue des interrogations, dont désormais peu subsistent.

Deux angles sont présentés : son passage à Troyes en compagnie de Charles VII, couronné, mais pas encore sacré, dont la présence même annule le traité qui le dépossédait de la couronne ; et à travers les yeux de Christine de Pizan qui fut une ardente partisane de la monarchie française contre les prétentions de l’Angleterre et de la Bourgogne.

La « Bonne ville de Troyes » acquiert de solides fortifications, symbole de cette lutte militaire ; or, le combat se livre également dans et par les symboles. L’analyse sigillographique chronologiquement et finement détaillée montre les volontés exprimées par les deux parties ainsi que les allégeances, parfois changeantes, des ban et arrière-ban.

Parmi ces symboles, les arts, en particulier la musique, est convoquée pour célébrer victoires et deuils.

Se met en place un vocabulaire musical spécifique qui permet de faire partager sentiments et émotions.

SOMMAIRE DE L’OUVRAGE

La revendication héraldique du trône de France par les rois d’Angleterre,

d’Édouard III à Henri VI (1340-1461) par Arnaud BAUDIN

Guerre de Cent Ans et transformations municipales à Troyes (XIP-XV siècles), par Cléo RAGER

La fortification d’une bonne ville au cours de la guerre de Cent Ans : l’exemple de Troyes, par Brice COLLET

Gouverner le diocèse de Troyes au cœur de la guerre de Cent Ans : les épiscopats d’Étienne de Givry (1395-1426) et de Jean Léguisé (1426-1450), par Aurélie GAUTHIER

« Approchez hardiment ! Je ne m’envolerai pas ».Jeanne d’Arc et Troyes, été 1429, par Véronique BEAULANDE-BARRAUD

Christine de Pizan et le Ditié de Jehanne, par Inès VILLELA-PETIT

Musique pour la guerre de Cent Ans, par Andrew KIRKMAN

Malgré le nom de la période, le pouvoir n’est pas que militaire.

En effet, le clergé catholique, l’évêque en particulier, dispose d’une autorité considérable, spirituelle évidemment, mais, plus largement, d’un pouvoir structurant comme seigneur, comme chef de guerre local, comme homme politique ; ceux de Troyes eurent un rôle primordial.

Le roi, doté désormais de la capacité de lever des impôts sur tout le royaume, doit imposer son pouvoir à ses vassaux — Azincourt fut un fier service rendu à la monarchie centralisatrice naissante ; il doit également contrôler les villes et leurs volontés d’émancipation.

Lever ou octroyer une part d’impôt pour des raisons stratégiques, c’est aussi dominer.

Les auteurs éclairent ces quelques années, décisives pour leurs suites immédiates et pour d’autres plus lointaines, nourrissant ainsi l’imaginaire collectif des deux nations sur le long terme.

Qu’ils en soient remerciés.

Robert Fosset Président de la SaA