Conférence du 5 avril 2023

M. Pierre Bono, directeur général de la société Fibres, Recherche, Développement (FRD)

M. Pierre Bono et M. Gérard Mahot, président de la section Agriculture de la Société académique de l’Aube

En introduction, notre collègue Gérard Mahot, organisateur de ce cycle de conférences, rappelle que si aujourd’hui l’Aube avec 8000 ha cultivés est le 1er département producteur de chanvre, hissant la France au 3ème rang mondial derrière la Chine et le Canada, elle le doit à la volonté d’une poignée d’agriculteurs qui créent en 1973 La Chanvrière de l’Aube pour relancer la production après la fermeture de leur unique débouché, la papeterie Bolloré de Troyes. Le principal enjeu sera alors de trouver de nouvelles filières de valorisation du chanvre. En 2007, La Chanvrière crée FRD, centre de recherche basé à la Technopole de l’Aube, véritable interface entre les agriculteurs et les industriels de matériaux. Pierre Bono, en poste depuis 10 ans à la chambre d’agriculture, en prend la direction.

Plante écologique par excellence ne nécessitant ni engrais, ni pesticide, ni irrigation, facile à cultiver, le chanvre se révèle plus complexe à récolter. FRD contribue à développer des technologies visant à adapter les méthodes de ramassage aux futures utilisations. Dans le chanvre on valorise tout : graine ou inflorescence, fibres, chènevotte et même la poussière issue du défibrage pour la production d’énergie. Grâce à son laboratoire de recherche et développement, FRD est présent à toutes les étapes de la transformation. Les débouchés sont très variés, alimentation humaine et animale, cosmétique, papiers spéciaux, litière pour animaux, plasturgie (automobile, aéronautique, ferroviaire), bâtiment (béton et isolation), construction de routes (sous-couche de roulement, mur antibruit) mais le plus porteur reste le textile, notamment comme substitut au coton, désastreux pour l’environnement. FRD a mis au point les technologies, déposé de nombreux brevets, mais le plus difficile est de convaincre les industriels. Par exemple, une collaboration avec Lacoste a échoué pour des raisons commerciales. Néanmoins, elle a permis de développer la « fibre courte cotonisée » qui, mélangée au coton à hauteur de 40 %, entre déjà dans la composition de jeans, chaussettes, sous-vêtements de grandes marques. Avec l’augmentation de la population mondiale et les nouvelles contraintes environnementales, le marché est très prometteur.

A l’issue de la conférence, M. Bono a volontiers répondu aux nombreuses questions de l’assistance. Merci à lui.