Conférence du 24 janvier 2024 par M. Gilles Aubagnac
Une trentaine d’auditeurs dont un grand nombre extérieurs à la Société, ce dont nous nous réjouissons, pour écouter notre collègue M. Gilles Aubagnac. Cette conférence prolongeait l’exposition Le Théâtre des honneurs, dont il est co-commissaire, et la visite qu’il avait conduite le 13 décembre à notre intention.
En introduction, M. Robert Fosset, président de la Société académique, rappelle que de tout temps les humains ont ressenti un besoin de reconnaissance pour les tâches accomplies au service de la collectivité.
M. Aubagnac, commence par saluer et remercier M. Éric Blanchegorge, directeur général des musées, un ami de longue date qui l’a chargé du récolement des collections de médailles et distinctions diverses oubliées dans les réserves depuis près d’un siècle. Puis il s’emploie à tenter d’expliquer l’histoire et la logique des acquisitions réalisées pour l’essentiel entre 1880 et 1914 en évoquant un mémoire de maitrise consacré au musée de Troyes au XIXe siècle qui n’en dit mot. Pourquoi?
Il s’interroge sur la notion de patrimoine et le rôle dévolu aux musées, autrefois considérés comme un prolongement de l’école. Il s’agissait avant tout de monter de « belles choses », souvent issues des confiscations révolutionnaires, et de distinguer les grands hommes, comme, à Troyes, le général Saussier, Collin de Plancy, les familles Mesgrigny et Mérode. Puis on s’est avisé d’honorer les grands inconnus, de « citer les noms des anonymes », par exemple en les inscrivant sur les monuments aux Morts. Mais déjà sous Napoléon III avaient été créées de multiples décorations pour honorer les combattants des différentes campagnes en commençant par la médaille de Sainte-Hélène remise aux 400 000 vétérans de la Grande Armée.
Autres questions d’importance : qui sont les donateurs de la collection de phaléristique et quelles sont leurs motivations ? Ce sont les descendants des « grands hommes » fiers de leur filiation ou d’anonymes par fidélité à leurs ancêtres. C’est par exemple la famille du général Saussier, mort en 1916, qui offre à la Ville ses multiples décorations françaises ou étrangères, ou celle du diplomate Collin de Plancy qui offre une collection non étiquetée. Il a fallu attendre une exposition à Séoul en 2007 pour identifier certaines de celles qu’il arbore sur un tableau exposé au musée.
Une mention particulière pour une énigmatique croix de fer de 1813 portée par un officier prussien lors de la Campagne de France, entrée dans des conditions rocambolesques que M. Aubagnac se délecte à raconter.
Cela donne une collection de 1245 objets divers dont seulement 150 décorations militaires puisqu’on trouve aussi des médailles religieuses, des épaulettes de la Garde nationale, des boucles de ceinture, des plaques de facteurs ou de gardes-champêtres etc.
À l’issue de la conférence M. Aubagnac entraine une partie de son auditoire pour une visite de l’exposition et M. Fosset annonce le prochain rendez-vous sur ce thème le 14 février avec M. Tom Dutheil, conservateur du musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie de Paris, qui décryptera la couleur bleue dans les décorations françaises.