Notre collègue Jean-Louis Humbert rend hommage à Helen Harden Chenut, professeur à l’Université de Californie et membre de notre Compagnie, qui est décédée à Irvine le 19 mai 2023.

Spécialiste des ouvrières  troyennes sous la IIIe République, elle a apporté une remarquable contribution à l’histoire troyenne et auboise en s’intéressant pendant plusieurs décennies à ces ouvrières. Ses recherches ont débouché sur une thèse soutenue à Paris en 1988 sur la formation d’une culture ouvrière féminine dans la bonneterie troyenne, publiée aux Etats-Unis en 2005, puis en France en 2010 sous le titre Les ouvrières de la République : les bonnetières de Troyes sous la Troisième République.

Elle a publié par ailleurs de nombreux articles sur ce thème, analysant l’influence du genre et de la classe sociale sur la culture ouvrière du textile troyen, explorant les conséquences à long terme de l’industrialisation, retraçant l’évolution des conditions de travail et du mouvement ouvrier socialiste.

Helen Harden Chenut (© Jorge D’Hulst, Libération-Champagne du 26 avril 2011)

Au cours de ses recherches, elle a multiplié, avec les ouvrières et syndicalistes, des entretiens qui constituent la base des archives orales de la bonneterie.

« Elle a su éclairer l’histoire de France au-delà des frontières de l’industrie textile de Troyes sous la IIIe République pour faire ce que font les meilleures études historiques : approfondir notre compréhension du passé pour donner du sens au présent. Notre Compagnie peut s’honorer de l’avoir comptée dans ses rangs », conclut Jean-Louis Humbert.

Joseph Florentin Meffroy, né dans le village de Pel-et-Der en 1854, montre très tôt un don pour les activités artistiques. Il apprend la taille de la pierre chez un marbrier de Troyes, puis entre à l’école municipale de dessin de cette ville. L’année de ses vingt ans, il rejoint la manufacture d’art chrétien de Vendeuvre-sur-Barse – dite sainterie de Vendeuvre – où il acquiert une grande renommée en tant que dessinateur, peintre et sculpteur, sous la houlette de Léon Moynet, fondateur de la sainterie.

Joseph Florentin Meffroy

Joseph Florentin Meffroy restera toute sa vie dans cette manufacture. Il transmettra son art à de nouveaux artistes et créera de nombreuses œuvres remarquables : le monument de « La France au Rhin » érigé au cœur de Vendeuvre-sur-Barse à la demande de la municipalité, des sculptures diverses, des plaques commémoratives, des chemins de croix, des tableaux…

Il décéda en 1927, après toute une vie au service de l’art. Il fut l’un des meilleurs sculpteurs de sa génération au sein de la sainterie.

Lors de la campagne de France de 1814, Napoléon Ier passa une nuit dans le presbytère du petit village d’Herbisse (canton d’Arcis-sur-Aube). Le curé de la paroisse a relaté cet évènement dans un récit savoureux qui a inspiré la communication de ce jour à notre collègue Yves-Marie Cacheux.

On y découvre un Napoléon « farceur », se faisant passer pour un quidam auprès de la servante du curé qui, négligeant son hôte illustre, fit sa révérence aux officiers de sa suite, trompée par leurs vêtements chamarrés qui contrastaient avec la simple redingote de l’empereur.

On y voit encore l’empereur se gaussant de la méprise de ses officiers qui donnèrent un somptueux pourboire à une voisine venue prêter main forte à la servante du curé au lieu de le remettre à celle-ci, d’où le déclenchement d’une querelle entre les deux femmes. Cette légèreté de comportement d’un homme confronté aux affres de la guerre et qui allait bientôt devoir abdiquer après sa défaite ne peut manquer d’étonner.

Le souvenir du séjour de Napoléon marqua les esprits de plusieurs générations d’habitants d’Herbisse, tant en raison de l’impression produite par l’extraordinaire spectacle d’une armée en campagne que de la munificence de l’empereur dont la rumeur laissait entendre qu’il avait déposé sur la cheminée du presbytère un rouleau d’or à l’intention du curé qui l’avait hébergé.

Les fourriers impériaux avaient affiché le nom des hôtes sur les maisons réquisitionnées pour l’hébergement de l’empereur et de ses officiers
La servante n’ayant pas reconnu Napoléon, vêtu simplement, s’incline devant ses officiers aux habits chamarrés