Cette présentation constitue la deuxième partie de la communication du 16 février 2024.

M.Jean-Louis Humbert poursuit la présentation des nombreuses réalisations de Pierre-Jean Guth dans la ville de Troyes et dans son agglomération.

Il souligne le volontarisme affiché par l’architecte dans sa lutte contre l’insalubrité des vieux quartiers autant que dans son souci de préserver le caractère artistique et l’esthétique générale de ce patrimoine ancien.

Il note l’attention particulière portée à la réalisation de bâtiments publics qui portent sa marque : lycée des Jacobins, gare routière, ailes de la préfecture, école normale des garçons…

En conclusion, le conférencier constate que Pierre-Jean Guth a su imposer son projet artistique et esthétique au Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU) et le convaincre de ne pas reconstruire à l’identique, mais de faire mieux, en instaurant « un cadre de vie de qualité, contemporain, solide, confortable, fonctionnel aéré et harmonieux ». Il indique enfin que l’architecte a participé à la reconstruction d’autres villes et villages de l’Aube qui mériterait de faire l’objet d’une étude particulière.

M. Morel retrace le parcours et l’œuvre du peintre Charles Cuisin né à Paris en 1814 et décédé à Troyes en 1859.

Le musée des Beaux-Arts de Troyes possède six tableaux de cet artiste et une autre de ses toiles est exposée au musée du Louvre. Mais l’analyse des catalogues des principales expositions auxquelles il a participé a permis de recenser une trentaine d’autres œuvres qui restent à découvrir.

Leur identification est difficile car le peintre omettait souvent de signer ses toiles et il peut être confondu avec un peintre homonyme qui était son contemporain.

L’une des toiles du musée de Troyes est un portrait de son ami Gabriel Hatot. Mais les autres représentent des paysages en clair-obscur, avec des effets de couchers de soleil, de brouillard ou de clairs de lune, pour lesquels le peintre semblait avoir une prédilection.

M. Morel conclut en invitant l’assistance à lui indiquer toute information relative à cet artiste oublié, afin de le remettre en lumière et d’élargir la collection de ses tableaux.

Commentaire de Théophile Gautier sur une œuvre de Charles Cuisin

Nous ne croyons pas avoir jamais rien vu de M. Cuisin, que le livret désigne comme résidant à Troyes, et dont le tableau représente un effet de crépuscule aux environs de cette ville. […]

De grands arbres sans feuilles et réduits par l’hiver à l’état de squelettes, s’enlèvent en noir du bord d’une chaussée où se balance l’étoile jaune d’un réverbère sur un ciel de crépuscule aux teintes froides et malades, et se réfléchissent, comme dans un miroir d’acier poli, dans l’eau immobile et dormante d’un canal qui occupe le premier plan ; le dessin de ces arbres dépouillés est d’une chasteté, d’une sobriété qui rappelle les petits arbres clairs des fonds de Raphaël; la couleur est d’une localité admirable, et quand on isole cette toile des tableaux à grand tapage qui l’entourent, l’illusion devient complète. […]

Quelle est la puissance de l’art ! qui songerait à regarder dans la nature cette allée d’arbres sans feuilles dont l’accident le plus pittoresque est un réverbère qui tremblote dans les dernières lueurs du soleil ? Eh bien ! qu’un artiste s’éprenne dans son cœur de cette triste allée, qu’il y ajoute son style et sa mélancolie, et ce sera une chose aussi belle, aussi noble que les sites d’Italie les plus riches et les plus poétiques.

Théophile Gautier, Revue de Paris, 18 avril 1841